Pierre de BRETIZEL : Les eaux souterraines du Mont Agel ...

   

2. FORMATIONS LITHOLOGIQUES AFFLEURANTES

Les formations sédimentaires marines, en affleurement dans le massif s'étagent stratigraphiquement de l'Infralias au Miocène.
Nous avons adopté les limites stratigraphiques de la carte géologique au 1/50 000 Menton-Nice, limites définies par B. GEZE et ses collaborateurs. Cependant nous avons regroupé ici des unités lithologiques homogènes, identifiables par leur géomorphologie.
Les caractères géomorphologiques des lithofaciès représentés résultant de leur érosion différentielle par les eaux superficielles ou souterraines (karst), ces groupes lithologiques ont également valeur de référence en hydrogéologie.

2.1. Infralias (l 1-2)
Calcaires dolomitiques gris-jaunâtre, à litage ondulé irrégulier, en bancs décimétriques à interlits marneux feuilletés développés surtout à la partie inférieure.
Ils affleurent pauvrement parmi des éboulis au pied des falaises qui entourent le plateau sommital. Localement ils sont bréchifiés, cargneulisés, avec présence de gypse secondaire dans les interlits ou dans les fractures.
Au nord-ouest de Gorbio, nous y avons observé de minces passées ligniteuses à débris de plantes ainsi qu'un banc dolomitique à Avicula contorta.
La carte géologique au 1/50 000 indique des affleurements de Trias Keuper à la base de cette formation dans le secteur de Gorbio. Cependant. sur le terrain, la distinction entre les faciès du Keuper et ceux de l'Infralias apparaît quasi impossible étant donné la discontinuité des affleurements sous les éboulis et la bréchification intense régnant dans tout le secteur proche de Gorbio.

2.2. Jurassique moyen et supérieur (j 1-7, J 8, j 9)
Puissante série calcaréo-dolomitique continue, formant la plupart des barres et falaises du massif. Son épaisseur atteint ici 300 mètres.
La partie inférieure est constituée de dolomies grises massives en gros bancs à stratification oblique.
La partie supérieure, de teinte plus claire, est composée principalement de bancs calcaires à stratification décimétrique régulière. Des biohermes coralliens massifs s'y développent localement : le plus remarquable forme la falaise de la rive droite du vallon de la Launa, au-dessus de Peillon (Brou Roux).
Le toit de la série, formé de dalles métriques de calcaire lithographique blanc rosé à surfaces corrodées (faciès Purbeck) constitue le meilleur horizon-repère géomorphologique du secteur, par contraste avec les marnes tendres cénomaniennes qui le surmontent. On note une dolomitisation diffuse, irrégulière de ces assises, allant en s'atténuant du bas vers le haut sans que l'on puisse placer de limite précise entre calcaires francs et calcaires dolomitiques. On observe également une dolomitisation secondaire des épontes des failles, des faisceaux fracturés et des parties bréchifiées. Ce phénomène est probablement dû à l'action chimique d'eaux souterraines magnésiennes, circulant à partir d'aquifères situés dans la base dolomitique triasique de la série.

2.3. Cénomanien (C2)
Bien que largement présent dans le reste de l'Arc de Nice, le Crétacé inférieur (du Berriasien à l'Albien) n'existe pratiquement pas dans le secteur du Mont Agel. Le Crétacé supérieur y repose donc directement sur le toit du Jurassique (Portlandien).
11 débute à la base par un conglomérat à ciment calcaréo-gréseux glauconieux. Les éléments sont des galets et des blocs plus ou moins émoussés de calcaires et (le grès semblables à ceux du Néocomien et de l'Albien que l'on peut observer sur le massif du Baudon voisin.
Certains éléments sont des macrofossiles roulés et cassés comprenant des grosses ammonites du genre phylloceras ou douvilleiceras, des bélemnites. des restes de lamellibranches.
Cette faune remaniée et mélangée et le faciès conglomératique qui la contient apparaissent comme le résultat de la destruction par érosion des couches sédimentaires du Crétacé inférieur. Elle marque le début de la transgression marine cénomanienne sur un relief pré-existant antécénomanien.
Ce faciès particulier a une épaisseur variable, très faible, en général inférieure au mètre, et manque en certains endroits du secteur. Il est indiqué sur la carte géologique au 1750 000 en n I-4 (Néocomien - Berriasien), ce qui nous paraît inexact car il s'agit manifestement d'un faciès de remaniement postérieur que nous préférons inclure dans la base du Cénomanien.
Au-dessus, l'ensemble du Cénomanien est représenté par des marnes noires ou
gris foncé, à petits niveaux de calcaire marneux jaune clair. Son épaisseur peut être estimée à une trentaine de mètres dans le secteur.

2.4. Turonien - Sénonien (c 3-7)
Alternance monotone de calcaires et de marnes gris jaunâtre passant progressivement d'un pôle calcareux à la partie inférieure à un pôle marneux vers le haut. C'est la partie supérieure qui est exploitée dans les carrières des cimenteries du Paillon.
L'épaisseur (le l'ensemble est difficile à évaluer car les contraintes tectoniques ont soit étiré soit décollé les bancs en plis dysharmoniques déversés et empilés.

2.5. Miocène (m 2)
Conglomérats et poudingues fluviodeltaïques et littoraux, à faune marine, reposant en discordance sur les marno - calcaires turoniens, dans le voisinage de Roquebrune et du vallon de Cabbé uniquement.
Les éléments conglomératiques sont un mélange de roches sédimentaires (calcaires et grès) et de roches cristallines pouvant provenir de l'érosion de reliefs d'âge post-turonien assez lointains.
Ils sont les dépôts marins les plus récents reconnus dans le massif du Mont Agel.