LES SOURCES
DE LA MADONE DE FENESTRE

(MERCANTOUR)


Pierre de BRETIZEL
Docteur ès Sciences
Association " Les Amis des Sources "- Malitourne- F-41270 - Villebout
Email : amisourc@club-internet.fr     -   Web : http://perso.club-internet.fr/amisourc/

Article publié dans La Chronique des Sources et Fontaines (n° 7, 2001, pp. 31-33)
revue de l' Association des Amis des Sources
La présente version Internet a été réalisée par l' Association du Musée Virtuel de la Nature

 

Le torrent de la Madone de Fenestre forme le bras sud de la Haute Vésubie, le bras nord étant le torrent du Boréon.- Ces deux torrents se rejoignant confluent à SAINT MARTIN VÉSUBIE.
Le point 1e plus haut du bassin versant de la Madone de Fenestre se situe à la cime du Gelas (point culminant de la partie française du massif de l'Argentera - Mercantour) à une altitude de 3.143 mètres. Le point le plus bas de ce bassin versant à son confluent avec le torrent du Boréon est à une altitude de 895 mètres.
La dénivellation totale est donc de 2.248 mètres sur une distance à vol d'oiseau de 13 km, soit une pente moyenne de 17%. Le régime torrentiel du bassin résulte d'une telle pente.

 

1. HYDROGRAPHIE DE LA PARTIE HAUTE DU BASSIN VERSANT

Elle est constituée par deux cirques glaciaires contigus dont les limites supérieures constituent la crête frontière entre la cime du Gelas à l'est et les cimes de Fenestre à l'ouest : ces deux cirques confluent à .l'amont du sanctuaire de la Madone. Ils drainent les eaux de surface sur 5 km2 (surface horizontale projetée).

 

2. CONTEXTE GÉOLOGIQUE A L'AMONT DU SANCTUAIRE DE LA MADONE

Le soubassement rocheux de ce secteur appartient au socle cristallin de l'Argentera - Mercantour. I1 s'agit ici des migmatites (anatexites) du groupe de Malinvern. Sur le flanc sud-ouest du Gelas, on observe de nombreuses enclaves de roches basiques (amphibolites).
Sur ce soubassement rocheux, les dépôts morainiques sont importants, particulièrement au fond des deux cirques cités ci-dessus. Ils sont ici relativement peu entamés par l'érosion torrentielle actuelle.
L'analyse géomorphologique par traitement des photos aériennes montre l'existence d'un réseau de failles d'extension récentes qui a plus ou moins orienté l'érosion glaciaire au quaternaire. Ces failles sont par ailleurs parfaitement visibles et observables sur le terrain.
Elles dessinent un fuseau d'extension dont l'axe d'allongement est orienté N160E, entre le flanc est de la cime du Lombard au nord et le haut du vallon du Ponset au sud, soit une longueur de 4 km.
L'extension latérale maximum de ce fuseau est de 1,5 km entre le pas des Ladres et le pas Saint Robert sur la crête frontière.

3. LES SOURCES

Un important champ d'émergences apparaît dans l'espace circonscrit par le fuseau tectonique décrit ci-dessus (voir carte).
La relation de ces émergences avec la fracturation
du soubassement rocheux apparaît ici évidente. Quatre d'entre elles sont des sources de roche (ce sont celles qui sont indiquées sur la carte). Une dizaine d'autres sont des sources de pied de moraines.
Les masses morainiques jouent ici un rôle de réservoir de rétention qui fonctionne entre la période de la fonte des neiges jusqu'au début de l'automne, époque où une partie d'entre elles sont asséchées. Ce sont ensuite les neiges hivernales qui réalimenteront en partie ces réservoirs, une autre partie des eaux provenant des circulations souterraines dans les failles masquées par les dépôts morainiques.

 

4. SOURCES DES LACS DE PRALS

Bien que situées en dehors du champ émergent de la Madone de Fenestre, ces sources sont un cas typique de sources de roches alimentées directement par une faille de verrou glaciaire.
Cette faille se situe dans le prolongement sud du fuseau tectonique de la Madone de Fenestre.
Les eaux issues de ces sources coulent sur un fond morainique puis se rejoignent pour former le torrent de Prals qui conflue avec le torrent de la Madone de Fenestre en aval du sanctuaire.